Vous me demandez à moi, Schultz, si je peux vous donner des informations sur la socio-écologie du peuple Mâgou, des Hommes sauvages ?!! ... Par tous les temples de Laelith, nom du Roi-Dieu ! Vous, les scienthos de l'universalité matérialiste du Nuage dont les écosophes ont déjà compilé toutes les sciences physiques, biologiques et humaines, que peut compter cet univers ?!! ...
D'accord, d'accord... J'ai bien compris que je n'ai guère le choix ; je préfère encore être entre vos mains que face à la justice punitive de la Haute-Terrasse ou – pire – celle plus expéditive de l'Oiseau de feu...
Ce ne sera pas facile de leur expliquer que ce n'est pas moi, Schultz, chasseur de prime (tu l'as la réf. Tarantino ?), qui ai laissé échapper le rebelle Robinson après avoir encaissé la forte prime de sa capture... Robinson, le Bleu steampunk devenu l'ami des Hommes sauvages... J'aurai mieux fait d'en faire un bouquin...
Je t'en foutrai de la socio-écologie du truc... Mettez-vous à la place du Bleu, ou pire du Citron, condamné à trimer dans les faubourgs de la cité sainte sous les moqueries des autochtones méd-fan...
Le soir, rentrant dans son hébergement collectif standard, triste réduit sans âme, il s'autorise quand même une pause... Tiens, comme à la Taberge de l'Espadon sur la Chaussée du lac... Et là il capte, entre les vapeurs d'alcool de poisson, la discussion de quelques pêcheurs ; ils les ont encore vu – les prenant d'abord pour un buisson à la dérive des eaux – camouflés sur leur radeau ou pirogue d'écorces tressées. Oui, les Hommes sauvages, le peuple Mâgou du monde de Laelith, les Néanderthaliens reliques d'un passé révolu, celui d'un âge d'or où hommes et femmes communiaient réellement avec la nature... Et, là-bas, derrière les frondaisons de l'épaisse forêt du Sud, serait un de leurs havres de paix ; Camp Mâgou ! Une clairière, un point d'eau, une grotte immense pour passer l'hiver ou, le plus souvent, une ou deux tentes de peaux, un abri sous roche au simple feuillage fané, une cahute, que dis-je ; une paillotte...
Alors oui, le Bleu-Citron rêve de quitter sa triste condition, de franchir les eaux du Lac d'Altalith, de pénétrer en forêt touffue... Il rêve de ces folles légendes, voudrait être comme ce Robinson adopté par eux... Voudrait de la courte épreuve avant de déboucher dans la clairière sacrée illuminée. Là, de splendides naïades, nues et souriantes, pétant la santé, viendraient à sa rencontre, lui sourire entre deux caresses, lui passer le collier de fleurs, lui tendre des corbeilles remplies de fruits gorgés de vitamines... Attention, il ne s'agit pas des prémices du culte impie de Maman Slanâa – celui des naturalistes naturistes hauts statutaires Bleus – mais de l'humble rêve des Citrons, naïf et touchant, repris depuis peu par la promotion des agences touristiques qui font découvrir Laelith à leurs clients...
Alors oui, j'avoue, c'est sûrement pour ce genre d'aspiration que j'ai quitté la condition qui m'était assignée. Je me suis engagé volontaire dans l'armée bleue pourtant réputée pour son fort taux de mortalité... J'évitai cependant les tranchées, ou les interminables factions de garde, au profit de la troupe originale des « Coureurs des bois ». Une de leurs tâches, outre l'exploration et le harcèlement, était la chasse pour subvenir rapidement aux besoins d'unités en campagne. Le contact avec les Mâgous fut ici réel, loin du rêve premier, toujours distant et violent. Nous avions pour consigne de shooter pour les affoler avant de déguerpir, d'éviter de se les mettre à dos, d'autant que les rumeurs – confirmées par nos observations – les disaient de plus en plus prompts à se fédérer pour des attaques et des campagnes d'envergure. N'étaient-ils pas aptes à transformer un tronc en bélier fracasse-muraille ou à doter leurs catapultes de blocs énormes ?
Mieux, on raconte qu'ils osent désormais quitter leurs grottes des vallées secrètes, les lointaines clairières, pour s'afficher en villages lacustres sur les bords du lac même. Là, ils restent entre deux zones, prêts à attaquer ou à se retirer dans leurs confins. Pas fous ni téméraires tout de même, les cahutes des marigots sont le plus souvent vides voire utilisées par les Utruz. La guilde des chasseurs colons bourgeois nous coopta d'ailleurs pour leur faire visiter ces lieux ; la chasse au Mâgou restant le sport favori de ces messieurs... Peu à peu, j'acquis là une expérience personnelle, comment dire ? ... anthropologique. La revente d'objets et d'informations propres aux Mâgous constitua clandestinement pour moi une source de revenus non-négligeable ; je rachetai même les années d'engagement qui me restaient à faire, enfin libre... Grâce à cette expérience, je devenais chasseur de prime indépendant avec l'éthique que vous me connaissez... et c'est là que je rencontrai officieusement le professeur Vioulette du très select club dit des Amis de Laelith.
La dernière fois que je vis le professeur, nous étions enfermés dans une cage en bambou après notre capture par l'unité de Robinson même. « Fantastique ! me disait-il. Nous allons enfin savoir si les rumeurs d'anthropophagie des Hommes sauvages sont fondées ! ». La suite, vous la connaissez.
Table de rencontre | Mvt | Cdt | CT | Ch | PV | F | Notes |
1 - Hibou géant | 10 | 5 | 4 | 5 | 15 | 4 | Serres CA=3 Œil d'aigle + 2 en CT |
2 - Puma, tigre, léopard... | 20 | 5 | 5 | 6 | 10 | 3 | Bon (Tigre & Dragon) |
3 - Ours standard | 15 | 5 | 4 | 6 | 10 | 4 | Griffes CA=3 Cuir CD =2 |
4 - Coquatrix | 12 | 5 | 5 | 6 | 15 | 3 | Serres, bec CA=3 |
5 - Dinosaure standard | 15 | 6 | 6 | 6 | 30 | 7 | Coup de queue + Dents CA=3 Peau CD = 3 Mollesse |
6 - Sanglier | 20 | 5 | 5 | 6 | 10 | 4 | Cuir CD = 2 |
- Le Mâgou ne connaît pas la roue, ne veut pas l'utiliser.
- L'Homme sauvage refuse également d'utiliser le métal, se contente de la pierre, du bois, de liens de cuir ou végétaux.
- Si la société des Hommes sauvages a bien entendu une hiérarchie et des chefs, une structure militarisée, elle n'a cependant pas besoin de générer des individus Oméga pour garantir le pseudo statut de quelque Alpha. La société Mâgou ne connaît pas le contre-nature, l'usure, la perversion dialectale, la violence symbolique...
- Inutile non plus de lui chercher un shaman, des rites magiquo-religieux. Le seul rite de passage connu est celui d'une brève cérémonie, avec dépôt d'objets simples, lors des funérailles. Si des Mâgous gravent parfois des pierres, du bois, ou s'adonnent à la peinture rupestre, à la fabrication de modestes bijoux, au land-art... c'est uniquement par « création singulière » avec un profond respect de la part des autres. Si la magie opère parfois sur le champ de bataille, ce sera du seul fait de leurs alliés Elfes sylvains ou de la sorcière Baba Yaga.
- Cette « pureté Mâgou » irrite de fait au plus haut point, depuis longtemps, les sphères des pouvoirs de Laelith et des Provinces du Lac, les dignitaires des temples, l'œcuménisme laïque steampunk... Chacun voudrait soumettre la pensée Mâgou ou, pire, lui laisser l'illusion de sa continuité/imitation à travers la grille de leurs modèles mentaux pervertis pseudo-initiatiques.
- Toutes ces caractéristiques font du peuple mâgou un enjeu majeur du monde des Messagers galactiques à Laelith, le fondement d'une révolution en cours.